On pouvait mieux faire pour Ault et pour l’environnement.
Voici l’avis d’Ault Environnement suite à l’inauguration du 24 juin 2023.
L’association Ault Environnement était intervenue en 2015 et 2016 (voir propositions de mars 2016) pour que soient abandonnées des idées prétentieuses sans utilité.
Ouf ! On a évité les projets les plus délirants et inutiles.
En 2019, la municipalité précédente, avec le Syndicat Mixte Baie de Somme Grand Littoral Picard (SMBS-GLP) à qui elle a délégué les travaux, a validé un projet plus raisonnable que ce qui avait été soumis à concertation en 2014-2015 :
. l’imposant emmarchement prévu devant l’église avec une vaste terrasse supérieure a été abandonné;
. la promenade suspendue place du Général de Gaulle et la fontaine place Foch ont été mises en option dans l’appel d’offres auprès des entreprises, ce qui a permis à la nouvelle municipalité d’y renoncer avec sagesse en 2020.
Ainsi ont été économisés quelques centaines de milliers d’euros
Ault Environnement avait pour objectif d’éviter le gaspillage d’argent public en vue d’élargir le périmètre d’intervention et de protéger la falaise
Cela devait permettre la réalisation d’autres travaux urgents ailleurs, en particulier :
. L’amélioration des conditions de confort et de sécurité des piétons rue de Saint-Valery, entre la rue de la Pêche et le boulevard Michel Couillet pour offrir des conditions de promenade plus dignes d’une station balnéaire
. La protection de la falaise. Ault a été privée de travaux de protection du centre-bourg face à la mer dans le cadre de la stratégie littorale Bresle-Somme-Authie signée par la commune, le SMBS-GLP, le Département, la Région et l’Etat. Cette stratégie aboutit à une incohérence et à un probable gâchis financier. En effet la « côte de la montagne », du 2 au 16 rue de Saint-Valery a été abondamment bétonnée sur une surface située pour près de la moitié dans la zone devenant dangereuse en 2024. Cette dangerosité est prévue par le Plan de Prévention des Risques de 2015 en raison du recul prévisible de la falaise qui n’est pas protégée à son pied en cet endroit sur 160 mètres tant que la digue 83 n’est pas prolongée (cf. carte des aléas à 10 ans-2024, 30 ans-2044 et 100 ans).
Certes, une imperméabilisation du bord de la falaise pour éviter sa fragilisation a été annoncée par le SMBS-GLP. Mais en réalité, le nouveau béton fissurée rue de Saint Valery ne paraît pas plus imperméable que l’ancien revêtement bituminé. Reconnaissons que la réfection des conduites d’eau usée qui fuyaient est une bonne chose.
Sur ces sujets qui préoccupent Ault Environnement, la délibération du conseil municipal du 18 août 2020 a prévu: « Des extensions du périmètre d’aménagement seront mise à l’étude ». Elle a constaté « des attentes nombreuses de protection du pied de la falaise et de continuité de la promenade vers Onival par la digue 83 ». Le conseil municipal a prévu que « Les négociations avec l’Etat responsable du domaine public maritime seront relancées » et que « Des études géotechniques seront commandées pour étudier la pérennité des constructions (murs, escalier, casino, perré) » sur le front de mer.
Nous souhaitons savoir ce qu’il en est de la mise en œuvre de ces décisions municipales ?
Les discours lors de l’inauguration de l’aménagement du centre-bourg le 24 juin 2023
Il en a été rendu compte par L’Informateur le 29 juin et Le Courrier Picard le 30 juin.
En écoutant les trois premiers discours, les aultois attachés à la prolongation de la digue 83 peuvent avoir de l’espoir.
Le maire, Marcel Le Moigne, a rappelé qu’il reste 160 mètres de digue à réaliser pour protéger le centre. Il a espéré que cela puisse se faire dans le cadre d’un PAPI 2 et du plan climat-résilience, avec au moins la pose d’enrochements.
Il a annoncé que des ouvrages de gestion de l’eau pluviale seront réalisés sur le plateau en 2024 pour épargner le centre bourg d’inondations.
Il a chiffré le coût total des travaux réalisés en trois ans à 8 millions d’euros dont 6 millions pour l’aménagement des espaces publics du centre et du front de mer.
Il s’est félicité du dynamisme d’Ault : 18 commerces se sont installés depuis deux ans ; un boucher-traiteur ouvrira en juillet.
Il a souhaité cependant qu’Ault reste intégrée dans la nature et garde son authenticité.
Le président du Département et du SMBS-GLP, Stéphane Haussoulier, a affirmé que le PAPI, c’est 40 millions d’euros pour réaliser des ouvrages de protection afin de protéger les populations et les biens et qu’on peut naturellement s’associer à la demande du maire de ne pas attendre le pépin pour agir dans l’urgence.
Il a regretté que, depuis l’adoption du Papi en 2016, on est allé d’études en compléments d’études exigées par l’Etat et que les travaux de protection du littoral ne soient pas commencés.
Il a ajouté qu’Ault mérite le même développement que d’autres communes.
Le vice-président de la Région chargé de la ruralité et de la sécurité, Christophe Coulon a affirmé que le Conseil Régional répondra aux demandes d’aide pour la protection des populations.
Quant au député, ancien conseiller départemental et ancien président du SMBS-GLP, il a tenté de réécrire l’histoire.
Le député Emmanuel Maquet a affirmé qu’Ault n’a pas été oubliée. Il s’est rappelé qu’il y a eu des débats animés avec les aultois qui trouvaient que la solidarité nationale jouait plus au nord et au sud d’Ault. Il a affirmé avoir eu la satisfaction de signer le Papi à Ault où l’érosion du trait de côte pose problème, ce qui fut symbolique pour lui.
En fait Emmanuel Maquet, alors président du SMBS-GLP, a signé en septembre 2016 une convention sur la stratégie littorale, traduction du PAPI Bresle-Somme-Authie de 2015, qui prévoit des protections du littoral partout ailleurs qu’à Ault. Il y est écrit à propos des ouvrages de protection du front de mer d’Ault : « Entretien minimal pour éviter la ruine, le temps d’organiser le repli ». Ault Environnement avait vivement dénoncé cette disposition.
En réalité la rénovation du centre-bourg, fortement aidée par des financements publics, apparaît comme un lot de consolation pour faire avaler la pilule de la politique de repli stratégique adoptée en 2015 et contractualisée en 2016.
La sous-préfète Christine Royer représentante de l’Etat a affirmé qu’il faut s’adapter au recul du trait de côte et commencer dans certains cas à reculer l’habitat et les activités économiques.
En conclusion des discours, comme on s’en doutait, l’Etat confirme sa position favorable au repli stratégique. Sans l’accord de l’Etat responsable du domaine public maritime, il sera impossible de prolonger la digue 83.
Rappelons que le PAPI ne comprend aucun chantier de protection d’Ault face à la mer, contrairement à ce que pourraient laisser croire certains discours. Outre l’aménagement des espaces publics du centre bourg pour 6 millions d’euros, qui n’est ni une prévention des inondations, ni une prévention des éboulements de falaise, a été prévu une « réduction des vulnérabilités » pour 1,3 million d’euros. Il s’agit de la relocalisation du réseau d’assainissement des eaux usées.
Les eaux usées sont renvoyées par des stations de refoulement sur un long trajet vers la rue Charles Bréhamet, puis la rue Léon Blum pour redescendre rue de Paris afin d’abandonner la rue de Saint-Valery entre la Grande Rue et la rue de la Pêche dès que l’érosion le nécessitera. Ces travaux réalisés en 2020-2021 constituent de fait une première étape du repli stratégique.
Par ailleurs étaient prévus pour environ 700 000 euros des travaux de prévention des inondations venant du plateau agricole. C’est ce qui devrait être réalisé prochainement.
Ault Environnement espérait que cessent les inondations du centre-bourg
Comme tous les aultois, on rêvait du jour où les torrents d’eau et de boue lors des fortes pluies ne seraient plus qu’un mauvais souvenir. Mais les améliorations se sont faites attendre en raison d’erreurs et de retards.
La première chose à faire avant les travaux du centre-bourg, c’était l’infiltration sur le plateau agricole des eaux de ruissellement des champs. La nouvelle municipalité a du reprendre les études engagées précédemment, dans un sens plus respectueux de l’environnement et plus conforme aux solutions d’hydraulique douce préconisées par l’Agence de l’Eau Artois-Picardie.
Plantations de haies, création d’une prairie inondable ont été annoncées mais ne sont pas encore réalisées. Mais n’oublions pas qu’une bonne partie de la solution viendra d’une transformation des pratiques agricoles, comme l’affirme l’Agence de l’Eau, pour que les sols soient plus perméables et emmagasinent l’eau, ce qui réduirait par ailleurs le risque de sècheresse.
Un fil d’eau central a été créé en bas de la Grande Rue pour éviter que les inondations franchissent les seuils des commerces et des maisons. Mais des erreurs ont été faites sur certaines pentes du pavage et sur la dimension des avaloirs. Le plus grave a été corrigé par des travaux supplémentaires. Il reste des défauts ou des aberrations dont on peut citer quatre exemples :
. en bas de la rue d’Eu, des caniveaux sous grille ont été créés pour corriger l’aménagement déjà fait mais cela ne protège pas le passage piéton des écoulement d’eau. Pire, l’inversion de pente de la rue au niveau du passage piéton conduit l’eau du caniveau sud à traverser la chaussée juste sur le passage protégé ; bain de pieds assuré ;
. en bas de la ruelle Grande Rue, malgré la modification en cours de chantier de la grille d’avaloir, une partie de l’eau de pluie passe à côté et traverse le trottoir de la Grande Rue en y entraînant des graviers ;
. en bas de la Grande Rue, lors de fortes pluies, des geysers d’eau sale sortent des bouches d’égout et des boîtes de branchement des eaux usées, des caves sont inondées et l’eau sale vient polluer la mer. Il s’avère que malgré la refonte complète des réseaux, il reste encore des gouttières d’eau de pluie qui se déversent dans l’égout d’eau usée et le saturent.
. rue de Saint-Valery, l’eau de pluie dévale la côte de la montagne, emportant la terre des massifs plantés. Les petites grilles des avaloirs ne suffisent pas à absorber l’eau en bas de la côte. La rue avait été nettoyée des coulures de terre des jours précédents pour l’inauguration du 24 juin.
Ault Environnement était favorable à la limitation de la place de la voiture dans le centre mais avait demandé de réduire moins la capacité de stationnement
Tout en voulant favoriser la tranquillité et la sécurité des piétons, la promenade, et les animations de rue, Ault Environnement avait en 2015-2016 contesté la suppression quasi totale des places de stationnement dans la rue de Saint Valery, entre la rue du Moulin et la rue des Fonts-Bénits, et dans les rues Ernest Jamart et des Bessaints. C’était un enjeu pour l’activité commerciale et pour les résidents, en particulier les personnes à mobilité réduite.
Quelques places de stationnement ont finalement été préservées. La cour de l’ancienne école est devenue accessible pour le stationnement.
Malheureusement, trop de visiteurs descendent jusqu’à l’ancien casino à la recherche d’une place de stationnement introuvable. Cela génère d’inutiles allées et venues de voitures au détriment de la qualité de vie dans le centre. Le conseil municipal avait décidé le 18 août 2020 d’étudier un projet de signalétique. Où en est-on ?
Certains résidents suggèrent la réservation aux riverains de l’accès de leur rue. C’est ce qui a été instauré rue de Saint-Valery entre la rue des Fonts-Bénits et l’ancien casino. Pourquoi pas entre les rues de la Pêche et du Moulin ? Pourquoi pas rues Ernest Jamart, de la République et des Bessaints ?
La mise en place d’une zone 30 est une excellente chose. Malheureusement des riverains mobilisés avec Ault Environnement n’ont pas obtenu d’en bénéficier rue du Général Leclerc, au dessus de la résidence du Manoir.
Même une zone 20, zone de rencontre au sens du code de la route, a été créée. Mais qui a vu le petit panneau à l’entrée du centre, au carrefour de la rue Charles Bréhamet, à un endroit où le traitement du sol n’indique pas qu’on entre dans une zone semi-piétonne ? Pourquoi le rétrécissement de chaussée créé au chevet de l’église laisse-t-il passer en priorité les voitures entrant dans le centre en descendant plutôt que celles qui sortent en montant, ce qui dissuaderait un peu plus l’entée en voiture au cœur du bourg ?
Des attaches pour vélos ont été installées tardivement. Il va falloir poursuivre pour inciter à son usage. La parole de cyclistes mériterait d’être entendue.
Les randonneurs à pied sont nombreux à Ault. Les signalétiques diverses auraient besoin d’une mise en cohérence. Le sentier du littoral fait, entre la rue des Bessaints et le boulevard du Bel Air, un détour mal fléché par le boulevard Carnot et la rue Jacqueline alors que les deux types de chemins de randonnée longent le bord de la falaise à cet endroit. Des panneaux de déviation pour les marcheurs sont encore en place après l’achèvement des travaux. Les indications sur le totem du bas de la rue du 11 novembre ne sont pas visibles pour les randonneurs passant dans cette rue, sur le chemin d’Ault à Saint-Quentin-Lamotte.
Quant aux transports en commun, ils ne sont pas gâtés. Un espace d’arrêt a été aménagé place du Général de Gaulle près de l’abribus en face de la pharmacie, pour les bus arrivant par la rue d’Eu et remontant la Grande Rue. Mais il ne sert pas car l’itinéraire des bus Trans 80 a été modifié, (sans que ce soit inscrit dans les fiches horaires). L’abribus a été enlevé ainsi que le panneau d’information de Trans 80. Seul subsiste le panneau des transports internes à la communauté de communes des Villes Sœurs.
Dorénavant, pour monter dans le bus, il faut s’avancer sur la chaussée de la rue du Général Leclerc, au dessus du carrefour de la rue Charles Bréhamet. Comment, dans ces conditions, inciter à venir à Ault par les transports en commun plutôt qu’en voiture ? Quand les captifs du bus, écoliers, collégiens, lycéens, travailleurs, usagers des services publics qui s’éloignent de plus en plus et voyageurs, auront-ils des conditions décentes et sécurisées d’attente et de montée ou descente du bus?
Ault Environnement avait souhaité un effort d’amélioration du patrimoine bâti
L’association avait affirmé que le respect pour le patrimoine bâti et pour ceux qui vivent dedans nécessite un programme ambitieux d’amélioration de l’habitat. Elle avait invité à mettre en valeur l’architecture des années 1950 de l’ancien casino.
L’étude d’une opération programmée a été lancée à l’initiative de l’actuelle municipalité.
Le conseil municipal a décidé le 18 août 2020 : « le cahier de recommandations architecturales élaboré il y a quelques années sera rendu public ». Il s’agissait d’un épais document jamais publié. Ault Environnement y a travaillé pour aboutir en 2022 à un document à la fois plus complet et plus facile d’accès, en attendant que la municipalité réalise, comme elle l’a prévu, une publication à ses frais après validation par l’Architecte des Bâtiments de France.
La délibération du conseil municipal remettait en cause pour l’ancien casino le « projet d’emmarchement prévu, pour se rapprocher de l’œuvre initiale ». Ce qui fut fait mais avec une pierre sans rapport avec le style du casino et la région.
L’attente d’Ault Environnement, c’est aussi la réduction de la consommation d’énergie et de matériaux
C’est une condition de la limitation du changement climatique et de la préservation de ressources naturelles. Quel est le bilan carbone de ce projet ? Comment pouvait être réduite la production de gaz à effet de serre ? Le choix de pavés de grès provenant d’Inde a été fait sous prétexte d’un coût moindre. Mais celui-ci est obtenu par les faibles rémunérations et les conditions de travail en Inde et par le prix du transport maritime qui ne paie pas le juste prix du carburant polluant et contribuant au réchauffement climatique.
Ault Environnement espérait une large concertation
Des ateliers eurent lieu en 2014 et 2015 au début de la réflexion et n’ont pas eu de suite. Heureusement, aussitôt élue au printemps 2020, la nouvelle municipalité a engagé une concertation en annonçant sa volonté d’infléchir le programme de travaux dans la mesure du possible au moment de la signature des marchés de travaux.
Le conseil municipal a fait le 18 août 2020 un bilan de la concertation et décidé des évolutions souhaitables du projet. Il a prévu de poursuivre la concertation sur des détails d’aménagement et sur le déroulement des travaux : « La réflexion sera poursuivie sur la place de la végétation dans les aménagements et les amateurs de plantes seront invités à échanger leur expérience avant les choix définitifs. » Pour le réexamen du projet, était prévue : « une concertation sur la vocation du square Dalhausen et son aménagement ».
Malheureusement, cela n’a pas été suivi d’effet pour l’aménagement des espaces verts et les plantations malgré les demandes réitérées d’Ault Environnement début 2022. L’association a du se contenter de découvrir les aménagements et les plantations. Découvertes positives : la plantation de plantes apparemment du coin et l’abandon des plantations de fleurs venues d’ailleurs qu’avait présentées le paysagiste ; la couverture du bord artificialisé de la falaise par des sédums que les plantes sauvages voisines, heureusement préservées, commencent à peupler. Découvertes négatives : l’abattage d’arbres sans discussion, la plantation d’arbres trop fragiles face aux embruns, des interventions trop lourdes sur les squares Dalhausen et des Bessaints. Au lieu de les faire évoluer en douceur pour économiser les terrassements et maintenir certains végétaux, l’aménageur a tout détruit pour tout refaire, sans concertation. Square des Bessaints, une banquette monumentale en bois probablement coûteuse a été construite alors que le cône de vue est très étroit ; sa durée de vie sera écourtée par l’eau stagnante sur un plateau en bois.