Les risques d’érosion ou de submersion marine menacent les rivages. Le trait de côte est la limite entre la mer et la terre, l’endroit du rivage où s’arrêtent les plus hautes eaux « en l’absence de perturbations météorologiques exceptionnelles ». Des ouvrages de protection de la côte sont construits, renforcés, réparés et parfois abandonnés. Le réchauffement climatique accroit les risques. C’est un sujet à la mode dans les médias.
Érosion de la falaise et ouvrages de protection
Ault vit depuis des millénaires avec l’érosion de la falaise, la migration des galets vers le nord et les assauts des vagues sur les ouvrages de protection et les installations de bord de mer (port, plages du centre, d’Onival et du Bois de Cise). Des épis (murs submersibles perpendiculaires à la côte) retiennent les galets, brisent les vagues et servent parfois de descente à la mer. Des perrés (plateformes empierrées et maçonnées) ont été construits dans les siècles passés.
Ault a bénéficié de deux grands programmes de protection de la falaise, en 1953 au centre-bourg lors de la reconstruction du casino détruit par l’armée allemande et en 1983 lors de la construction de la digue 83 puis de la « casquette », sorte de balcon sur la mer, en haut de falaise ? Cela valut à la commune le 1° prix national de la fondation pour la prévention des risques naturels en 1988. Depuis 1983, il manque 150 mètres de digue pour achever la protection de la falaise dans le centre-bourg. Des ouvrages de protection vieillissent, manquent d’entretien ou sont abandonnés.
La note de présentation du Plan de Prévention des Risques de 2001 donne des précisions sur le phénomène d’érosion, son histoire et les aménagements réalisés au fil des années.
Elle commence par un préambule reprenant la description par Jean Monborgne, historien local, du désastre des éboulements de 1979 à 1981 qui a été un facteur déclenchant de la construction de la digue 83 et de la casquette.
La note présente ensuite les facteurs et mécanismes de recul de la falaise (pages 9 à 11), l’historique du recul (pages 11 à 15) et les aménagements réalisés (pages 15-16).
Ault Le Petit Musée a publié en septembre 2023 une compilation de documents sur les débats municipaux d’Ault dans les années 1970 et 1980 qui ont abouti à la construction de la digue 83.
Érosion et inondations terrestres
Ault subit aussi l’érosion d’origine terrestre due aux écoulements pluviaux accentués par l’imperméabilisation des sols urbains et agricoles. On constate depuis 20 ans l’incurie des pouvoirs publics dans la maîtrise des eaux pluviales. Depuis 2003, où a été étudié un schéma de réduction des écoulements d’eaux pluviales des zones agricoles (étude SOMEA), rien n’a été fait à part un bassin en amont du Bois de Cise, alors que ces eaux pluviales sont la principale menace pour la solidité de la falaise.
Les inondations dans le centre-bourg et dans le quartier d’Onival au début de l’été 2021 en témoignent tristement. Un petit éboulement de falaise s’est produit sous la casquette du boulevard Michel Couillet en raison d’infiltrations sous la chaussée qui sont dénoncées depuis 2015 par l’association Ault Environnement. Rappelons que Michel Couillet fut le maire d’Ault qui fit construire la digue 83 et la casquette.
Risque de submersion marine sur le Hable d’Ault
Le Hable d’Ault situé hors du territoire communal est un polder, appelé aussi bas-champs, protégé des inondations marines par un cordon de galets de 8km de long, d’Ault à Cayeux, à quelques mètres au dessus des plus hautes eaux. Il est menacé par la submersion marine. Des submersions ont eu lieu en 1972, 1977, 1984 et 1990. La protection nécessite l’entretien des épis et l’apport permanent de galets transportés depuis Cayeux pour compenser l’érosion en certains points. La dépoldérisation (lien1, lien2, lien 3, lien4 ) a été étudiée au début des années 2010 puis abandonnée.
D’autres communes littorales connaissent des risques de rupture des cordons dunaires du Marquenterre et de la baie d’Authie et des risques d’inondations dans les vallées.
Le réchauffement climatique accroit les risques
Le réchauffement climatique, lié aux activités humaines productrices de gaz à effet de serre, provoque l’élévation du niveau de la mer. Il multiplie et renforce les évènements climatiques exceptionnels (tempêtes, pluies diluviennes). Cela aggrave le risque d’érosion et de submersion marine.
Pourtant la France et le monde prennent difficilement le chemin de la limitation du réchauffement climatique lié aux activités humaines.
Le tribunal administratif, saisi par le collectif L’AFFAIRE DU SIÈCLE, a reconnu la faute de l’Etat français, coupable d’inaction contre le réchauffement climatique. Il a ordonné au premier ministre de prendre, d’ici décembre 2022, « toutes mesures utiles » pour réparer le préjudice.
Au niveau local, l’aménagement d’Ault, préparé depuis 2014 et lancé en 2019, est l’exemple même de choix de matériaux et de procédés qui gaspillent l’énergie et produisent abondamment des gaz à effet de serre (bétonnage inutile, pavés importés d’Inde …). L’ère de la sobriété, de la modestie et de la chasse au gaspillage a du mal à s’ouvrir chez les aménageurs.
Un sujet à la mode dans les médias
Les risques littoraux suscitent parfois des publications à sensation (articles de presse et émission de télé, livre « Atlas des lieux maudits »). Les élus, les techniciens locaux et l’association Ault Environnement sont souvent sollicités par des télévisions et des journaux. De nombreux visiteurs viennent observer les derniers éboulements de falaise et guetter les fissures annonciatrices d’un prochain éboulement
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