La nouvelle doctrine de l’Etat pour la gestion du trait de côte (2012)

L’Etat a établi en 2012 une « stratégie nationale de gestion intégrée du trait de côte » (voir le site du Ministère)
Elle fait suite au rapport parlementaire présenté en 2011 par le député Cousin, après la tempête Xynthia qui a provoqué la catastrophe de La-Faute-sur-Mer en Vendée (submersion de lotissements construits sans précaution en zone inondable protégée par des digues mal entretenues). (lien)

Elle prolonge le « guide national sur la gestion durable du trait de côte » de novembre 2009.
Elle traduit aussi l’engagement N°74 du Grenelle de la mer en 2009.
Elle met en application la directive européenne Inondation de 2007.

La stratégie nationale fixe 8 principes communs et 7 recommandations stratégiques.


Elle vise à préparer à la mise en œuvre de la relocalisation à long terme des activités et des biens exposés aux risques littoraux. Elle prévoit d’anticiper les évolutions dans la perspective du changement climatique. Les implantations dans les secteurs où les risques littoraux sont forts doivent être arrêtés.
Les choix d’aménagement du trait de côte doivent être justifiés par des analyses coûts-bénéfices et par des analyses multicritères. Les protections artificialisant fortement le trait de côte ne sont envisageables que dans les secteurs à très forte densité et doivent être conçues de façon à permettre à plus long terme un déplacement des activités et des biens.

L’appel à projet Cousin

Cinq territoires français ont candidaté en 2012 à l’appel à projet Cousin lancé par l’Etat afin de financer des études de solutions de repli tenant compte de l’érosion côtière et des risques de submersion. (cahier des charges, présentation des 5 sites, candidature d’Ault : délibération du SMBS-GLP)
Ault est le seul site de falaises où les pouvoirs publics ont voulu expérimenter un repli stratégique.
Les sites submersibles de la baie de Somme n’ont pas fait l’objet d’études de repli. L’étude et la concertation menées à l’initiative du Conseil Général de la Somme il y a plus d’une dizaine d’années sur la dépoldérisation du Hable d’Ault avaient suscité une levée de boucliers conduisant à l’abandon de ce scénario.

Quand en 2013 les aultois découvrirent la stratégie de repli élaborée depuis 2010 dans leur dos (rapport Interland) et se traduisant par un projet de démolition de 80 maisons, alors qu’aucune n’était menacée par l’érosion avant une trentaine d’années, ils se mobilisèrent. L’association Ault Environnement qui était en sommeil fut relancée sur ce sujet. Elle constata le manque d’analyse multicritères et de calcul approfondi coûts-avantages permettant une discussion contradictoire sur les choix de gestion du trait de côte (lettre de la maire,  Courrier Picard 25-1-2013 : La Picardie a très mal aux côtes page 2 et page 3,  l’Informateur 25-01-2013 :  80 familles menacées, Commerçants inquiets, L’Éclaireur 12-02-2013 : Sauver le front de mer à tout prix). Lors de la campagne municipale 2014, la majorité sortante s’est engagée à défendre le trait de côte.

Le projet de démolition tomba à l’eau et le constat fut fait, comme à Lacanau sur le littoral atlantique, qu’il n’existait pas de solution juridique et financière pour mettre en œuvre ce type de projet. Le discours public devint double langage, à la fois rassurant de la part de la Maire d’Ault et alarmiste de la part de l’Etat dans le cadre de l’élaboration du PPR, en faisant un amalgame entre les risques humains en cas de submersion marine et en cas d’éboulement de falaise.

 

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